JACKPOT / installation de notes adhésives sur mur / Biennale d’art de Maputo

© François Duconseille

1+1+1

réalisation de 3 icônes en notes adhésives

biennale d’art de Maputo, octobre 2006

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Trop près, trop loin

A propos des icônes informatiques reproduites aux murs par des notes adhésives

Les icônes informatiques sont des représentations réduites au maximum de ce qu’elles désignent, elles sont en ce sens à la limite de l’existence ou de la disparition de ce qu’elles représentent. Ces images réduites existent sur la frontière infime de ce qui rend les choses lisibles et perceptibles par l’humain. Elles portent en elles, par le mécanisme qu’elles reproduisent, les premiers moments, les premières sensations ; c’est leur caractère premier, comme forme irréductible, qui active en nous mémoire et sensation personnelles. C’est leur impersonnalité qui paradoxalement permet à chacun de faire sien de ces images et de ce qu’elles portent de « vérité ». Ces réductions d’images ont une portée homéopathique. Comme les granules d’homéopathie porte en elles la mémoire de l’agent pathogène pour provoquer une réaction de défense de l’organisme malade, ces images-icônes sont les traces agissantes d’une mémoire collective du monde et en activent le processus.

Le calibrage imposé par la norme numérique (32X32 pixels) opère une mise à niveau équivalente entre les sujets représentés qui dans la réalité sont de tailles très différentes. Ici ils sont ramenés à une équivalence de dimensions. Cette équivalence de tailles produit une équivalence de sensations , proche de ce que l’on ressent du monde ; l’émotion se fait fi des hiérarchies, elle nous entraîne aussi fortement dans la contemplation d’une miette de pain que dans celle de la voûte céleste.

Les notes adhésives reproduisent et amplifient (700%) l’icône minuscule de l’écran d’ordinateur. Cet effet loupe plaque le spectateur contre la figure reproduite au mur devenu bureau de l’ordinateur et perturbe le rapport d’échelle. Les petits papiers tenus à la paroi par leur faible pouvoir adhésif ne dureront que le temps de l’exposition voir même un peu moins. Ces icônes sont éphémères, images de passage, émotions et mémoires volées à l’érosion du temps.

Ces images de papier touchent au cœur de celui qui les regarde, mais elles réagissent aussi  en retour à l’environnement dans lequel elles sont présentées ; qu’une porte ou une fenêtre s’ouvre, qu’un visiteur les frôle d’un peu trop près et les voici agitées d’une onde vibratoire, témoignant de leur passage accompli du monde virtuel de l’ordinateur au monde sensible et réel des corps et de l’espace

François Duconseille

Paris, août 2006